Pyrénées-Orientales : le maire du Barcarès mis en examen et placé en détention provisoire pour "corruption"

par V. F | Reportage TF1 : Aurélie Erhel et Emma Alonso
Publié le 1 mai 2024 à 21h54

Source : TF1 Info

Le maire du Barcarès, près de Perpignan, a été placé en détention provisoire mardi 30 avril.
L'élu a été mis en examen notamment pour "corruption" et "blanchiment" dans le cadre de la gestion du marché de Noël qui attire chaque année plus d’un million et demi de visiteurs.
L'édile s'était expliqué en décembre auprès de TF1 sur cette folie des grandeurs.

Au Barcarès, station balnéaire phare des Pyrénées-Orientales, ils ne sont pas nombreux à oser critiquer ouvertement le maire. Peur ou sentiment d'être redevable, les paroles sont toujours très mesurées. "Quand on est maire, on doit quand même être exemplaire. Vu ce qui s'est passé dans la région parisienne avec les Balkany, on dit qu'ici, c'est à peu près la même chose, même dans le sud", lâche un riverain dans la vidéo ci-dessus.

Il y a eu des mises en concurrence parce que c'est obligatoire, mais elles n'ont jamais été respectées.
Didier Melmoux, responsable départemental de l'association Anticor

Placé en détention provisoire, Alain Ferrand est accusé de favoritisme dans l'attribution des chalets du marché de Noël, de prise illégale d'intérêts et de corruption. Mais ici, beaucoup d'habitants et de commerçants préfèrent fermer les yeux. "Ça ne me regarde pas. Moi, tout ce que je regarde, c'est qu'il nous fait travailler", souligne Romain Guillem, gérant d'une rôtisserie. "S'il est incarcéré, ce n'est peut-être pas pour rien non plus. Mais c'est dommage parce que je trouve qu'il fait beaucoup de choses pour la ville. Par rapport au tourisme, c'est lui qui fait vivre la région", ajoute Mehdi Aissat, vendeur de jouets.

L'association de lutte contre la corruption, Anticor, a fait plusieurs signalements à la justice. Didier Melmoux, responsable départemental, cite un exemple : "les postes de secours ont fait l'objet d'un appel d'offre et ils ont été mis en place sur les plages avant même que cet appel d'offres ne soit terminé. Ce qui laisse penser qu'on a favorisé une entreprise par rapport à une autre. Alors ça, c'est totalement illégal", affirme-t-il. 

C'était cette même société qui construisait les chalets du village de Noël. "Le problème surtout, c'est que c'était toujours la même société. Il y a eu des mises en concurrence parce que c'est obligatoire, mais elles n'ont jamais été respectées, ou ça a été bâclé avant, ou les produits ont été livrés avant même que les appels d'offres soient terminés", explique Didier Melmoux.

La facture des chalets s'élèverait à plus de 10 millions d'euros sur plusieurs années. Un village de Noël connu pour son gigantisme que défendait le maire lorsque le JT de TF1 l'avait rencontré en décembre dernier. "C'est vrai que ça vient booster aussi l'économie locale. Cinq millions d'euros, ce sont des retombées économiques pour tout le département et aussi pour la région", avançait-il à l'époque. 

Cette affaire s'ajoute à une vingtaine d'autres. Mais malgré des condamnations à de la prison et à trois ans d'inéligibilité, Alain Ferrand a été réélu aux dernières élections municipales au premier tour. 


V. F | Reportage TF1 : Aurélie Erhel et Emma Alonso

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